dimanche 28 août 2011

La folle

Pulo mas, c'est le nom du quartier où se trouve le studio.
A part une école une mosquée et une superette, je crois qu'il n'est pas exageré de dire qu'il n'y à rien d'autre à voir ni même à foutre dans les environs.

Cette histoire a commencée il y a presque 2 mois (la veille de l'arrivée d'Odile en fait) precisement dans la dite superette appelée "Indomaret".
C'est une enseigne indonésienne de petit supermarché.

Comme souvent après mon éternel même dejeuner que je m'offre presque tout les midis depuis mon arrivée(riz ou nouille au poulet, comme ca c'est pas dur) je m'arrête à l'indomaret afin d'y acquérir une boisson fraiche et de m'en désalterer sur le chemin du retour au studio.

Mais ce jour là, trônait à la caisse une vendeuse que je n'avais jusqu'ici encore jamais vu.
Tout autours d'elle se tenaient le reste de l'équipe, exclusivement masculine et déjà hilarde de me voir débarquer dans leur commerce.C'est d'ailleurs pas comme si j'étais arrivé la veille; car aujourd'hui encore(et ça fait maintenant trois mois) ça les fait toujours autant marrer de me voir.
Allez comprendre.

Je lui tends mon jus d'orange que je me languis déjà d'ingurgiter.
En enregistrant mon achat, elle en profite pour me demander comment je m'appelle et si je veux bien lui communiquer mon numéro de téléphone...

...

Ouais d'accord, je vois le genre...

-"et pour quoi faire s'il te plait?" je lui demande.

-"juste comme ça, pour être ami"

Mmouais bien sur...

Après quelques minutes de contre argumentations puis de délibérations, je décide de le lui donner quand même; après tout qu'est ce que je risque?

Il est bon de preciser que la fille en question était musulmane et voilée.
Dans mon esprit encore naif à l'époque des faits, je me dit qu'il pouvait être interessant de parler avec elle à l'occasion et essayer d'en savoir plus sur le point de vue d'une femme voilée indonésienne ainsi que sur sa condition de vie ici bas.
De plus, me dis je, son statut devait forcement signifier qu'elle ne constituait pas un grand risquesur l'échelle du harcélement...

Quelle grossiere erreure!

Je me dois de vous prevenir que ce que vous vous appretez a decouvrir depasse l'entendement et viens meme irremediablement a bout des esprits les plus patients.

Nous allons maintenant voyager ensemble dans une dimension parallele.

Vous etes pret?

Mais jugez plutôt:

Voici le premier de la longue liste de messages que j'ai reçu d'elle; ça faisait pas un quart d'heure qu'elle etait en possession de mon bien numerique.
Je l'ai depuis classe "secret defense".



-"contente de t'avoir rencontrée.tu me fais penser à mon meilleur ami, désolé je te dérange.
je m'appelle Nana, je portais un t-shirt noir "indomaret.
j aimerai être proche de toi, mais je crois que c'est impossible."







-"Je pense que tu dois être énervé, je suis désolé.à bientôt."






-"Salut, désolé un (ou une) ami(e) t'a envoyé des messages à ma place avec mon téléphone.c'était pas moi.
C'est quoi ton prénom?Tu es un ami de Nurul?a+.Nana"






-"J'aime ton sourire"





...gloups...





Oulaa.....alerte a la folle...







-"J'espère te voir demain à l'indomaret"

Voila, il ne s'agit ici que des 3 ou 4 premières heures.je n'ai pris connaissance de tout cela qu'en fin de journée.

Le lendemain matin:







-"Pourquoi tu viens pas?"






-"Tu veux pas être mon ami??"






-"Pourquoi tu réponds pas?Désolé, je te dérange, je veux rien d'autre qu'être ton ami."

L'apres midi:






-"Grage??(ça c'est moi.j'ai mis un moment à comprendre qu'elle ecrit mon prénom comme ça) T'es là?"






-"T'es énervé?"

J'ai recherché dans mon téléphone les 2 seuls SMS que je lui ai envoyé de toute ma vie, malheureusement ça fait maintenant trop longtemps, et mon téléphone les a éffacé.
Mais je me souviens très bien de ce que je lui ai dit.
Le premier donnait a peu près ceci:

-"Non je ne suis pas énervé, juste un peu surpris de recevoir autant de messages aussi insistants
et en si peu de temps de quelqu'un que je n'ai vu que 2 min dans ma vie.J'ai une copine et je ne veux rien avec toi de ce que tu as l'air de rechercher."

Comme vous pouvez vous en douter, sa réponse ne se fit pas attendre:






-"Donc tu enverrais un message comme ça si j'étais un mec?calme ta joie Grage!J'ai un petit copain aussi,où est le problème si on est ami?elle sera faché contre toi?Si elle t'aime vraiment, elle comprendra.Tu viens d'où?des Etats Unis?Ta copine est Indonesienne?peut être que je la connais..."

Je sais, c'est un peu décousue, mais j'ai comme l'impression que je vais avoir du mal a me debarasser d'elle...






-"Désolé Grage, j'espère que le fait que je t'ai répondu comme ça ne change rien et que tu reviendras au magasin, tu es comme mon frère qui est mort il y a 2 ans en californie.Je sais que tu me trouves nul.bye."

Ouais, je suis vraiment désolé pour toi, mais je m'en fout complétement!(ça c est pas un message que je lui ai envoyé hein!c'est la voix off)






-"C'est pas normal pour toi si je te dis que tu me manques?J'ai un petit copain.on est juste ami.peut être que bientôt je te connaitrai mieux.mais t'excites pas Grage, haha!"

non mais, je rêve là???

C'est a ce moment je crois que Odile elle même lui a envoyé un message.je ne me souviens plus exactement du contenu, mais en gros il s'agissait d 'arreter d'importuner son copain.







-"Pourquoi est ce que tu penses comme ça?Je veux juste être ton amie, et toi tout de suite, tu penses au cul!Pourquoi tu es froid comme ça avec moi Grage...pourquoi?Je m'en fous si tu as une copine ou non. Tu m'a bléssé avec ce que tu m'as dit...ceci est le dernier message que je t'envoie."
Enfin une bonne nouvelle!

mais en fait non:

1h du matin, le meme jour:






-"Salut, je sors du boulot et j'arrive pas à dormir.et toi Grage?"

Moi j'ETAIS en train merci...






-"Tu me destestes?"

là, j'ai coupé le téléphone.

Le lendemain:






-"Désolé, mon ami t'a envoyé des messages avec mon téléphone, te faisant croire que c'était moi, mais en fait non !"





ben voyons....










-"S'il te plait, est ce qu on peut se voir?Quand tu veux et où tu veux.s'il te plait, reponds, merci."






-"Tu veux ou pas?C'est une simple question...répond. "

avec en prime le petit signe du bonhomme qui pleure!c'est pas que ça m'emeut, mais pour mon second message (qui s'averera d'ailleurs être mon dernier) je vais être très clair:

-"Non j'veux pas, ni aujourd'hui ni jamais, et maintenant arrête de m'emmerder"






-"Ok (suivi encore du petit bonhomme qui pleure) mais quand tu es triste, stressé ou que tu te sens nul, n hesites pas a m'appeler pour en parler parceque je crois que tu es quelqu'un de bien.tu es mon ami, prends soin de toi (avec cette fois le bonhomme qui sourit)"

putaiiiin.....je sens que je suis pas encore sortis de l'auberge....

quelques jours de repis plus tard:






ça va?pourquoi est ce que je suis toujours inquiete pour toi?tu es tout le temps present dans ma tête...
pfff....trop fatigué pour t'expliquer.

hooo....bordel...






-"Salut Grage.Tu me manques.s'il te plait, n'ais pas de mauvaises pensées à mon sujet.HOho!t'es trop chou, héhé (bonhomme qui rit) je plaisante! "

suivi de celui là:






-"Pourquoi tu me deranges?Je peux pas dormir, je t'ai dis hier que je fume des cigarettes dunhill et pas des flava, j'aime pas le gout.ne m'envois plus de messages avant minuit.je suis vraiment fatigué.a+"

La vaaache, elle est completement derangee celle la...






-"Salut Grage, tu me manques."






-"J'ai pas peur, elle est juste ta copine, pas ta femme.maintenant je sais comment tu es.Si tu etais intelligent, tu saurais que jamais je ne pourrais être amoureuse de quelqu'un comme toi.Je ne sais pas qui tu es et je ne veux plus te parler.Si tu etais amical, tu ne traiterais pas mal les gens qui te veulent du bien.en fait tu es mechant."

mais...j'ai rien dit...en tout cas depuis mon dernier sms et qui date quand meme de plus de 2 semaines...
Mais oui, je suis d'accord avec toi!je ne suis pas amical et je suis tres mechant!Tu vois,t'as rien a faire avec un sal type comme moi!





-"T'es completement con si tu laisses ta copine te mettre la pression comme ça.tu sais quoi?Mon copain connait tout les messages que je t'envoie, parcequ il me fait confiance et ça le fait bien rire que tu réagisses comme ça.Grage, ça veut dire qu'elle ne t'aimera jamais vraiment pour ce que tu es.Tu me manques, c'est normal de le dire à ceux qui nous sont proches."

Non mais c'est le bouquet, je vais me faire engueuler maintenant.

J'ai été dejeuner dans le quartier avec une collégue qui s'appelle Andina.
Voici ce à quoi j'ai eu droit juste après ça:






-"Je t'ai vu avec une fille tout a l heure.honnetement, ça m'a fait mal.tellement mal."

puis:






-"merci beaucoup de m'avoir blessé."

et après:






-"Grage, pourquoi tu m'as fait ça...pourquoi?"

mais surtout:







-"Je suis triste à cause de toi"

Elle me fatigue.je veux rentrer chez moi...

Le jour suivant:







-"Tu me manques.ne dis pas de mauvaises choses a mon propos, ok?"

Mais tu vas la fermer ta gueule?







-"Tu me manques"

ouais, on le saura ouais...

J'ai bien aimé ce passage aussi:







-"Je veux t'embrasser avant de partir le mois prochain, tu ne me reverras plus Grage.Je......"

et bah voila!elle se barre!Tout s'arrange!





Evidement, fausse alerte:







-"Je te souhaite une bonne nuit.fais de beau rêve."

...







-"Tu vas bien?"

heu...moi ça va oui.par contre, je me poserais de sérieuse question si j'étais toi.

et ainsi de suite...

















-"Pourquoi tu ne montres aucun intêret pour moi?pourquoi?"







-"Je voulais qu'on soit proche...pourquoi??dis moi??pourquoi tu es si froid avec moi??pourquoi??"






-"Pourquoi?? "







-"Pourquoi??" (et c'est pas le même message, mais bien 2 differents reçus à 3 min d'intervalles)







-"Tu me manques...ça fait longtemps que je ne t ai pas vu"

ha?déjà?moi ça m'a pas paru si long
















-"Pourquoi est ce que tu m'as donné ton numero pour me traiter comme ça maintenant?
(alors là, je vais essayer de traduire ses pensées, car son anglais est plus que laborieux aujourd hui)Je pensais que tu étais quelqu'un de gentil avec les autres, mais en fait pas du tout!Tu es tellement arrogant avec moi.reponds!pourquoi?pourquoi tu m'as donné ton numéro?pourquoi?dis moi!"

Pourquoi...oui tiens, pourquoi?Je me le demande tous les jours pourquoi.

Ces derniers temps, elle ne fait que m'appeler.Je ne decroche evidement pas, mais ça signifie qu'elle a finallement fini par comprendre que je ne répondrais plus à ses messages.Mais peut être que je parle déjà trop vite...

J'en ai parlé à Andi Henry et Fabian, les boss du studio, afin de prevenir un quelconque dérapage ou malentendu.
Je detesterai devoir m'expliquer sur les fabulations d'une mythomane.
le quartier est petit, tout le monde connait tout le monde et specialement le seul blanc qui se balade par ici tout les jours sans qu'on sache se qu'il fait et pourquoi.

ça les a bien fait rire, il me demande encore parfois des nouvelles de mon amie de l'indomaret; tout en m'assurant que je ne risquais pas la calomnie et que, si je le désirais, l'un d'eux pouvait aller parler à son manager pour qu'elle cesse.

"C'est l'un des grands problèmes de notre pays:la corruption est telle que beaucoup n'ont jamais pu aller à l'école.Ils n'ont rien d'autre à faire que de passer l'essentiel de leur journée à regarder la télé.Ces gens la vivent dans un autre monde" m'a dit Fabian.

Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer.

Peut être juste changer de numero de téléphone suffira-t-il?





samedi 13 août 2011

Celui qui voulait s'acheter une bicyclette

Rudy, le chauffeur chargé de m'emmener à bon port tous les matins en voiture, est très sympa; c'est pas ça le problème.
Le fait est que, tout bon élève qu'il soit (et doué de surcroît) dans l'apprentissage sur le tas de la langue anglaise (il a commencé à apprendre en nous rencontrant Cédric et moi même), les discussions restent néanmoins assez limitées.
Mis à part parler tous les matins, et ce depuis plus de 2 mois, des mêmes embouteillages ("macet lagi" en indonésien, ça je commence à connaitre), suivi d'un petit rire géné car incapaple lui comme moi de communiquer plus amplement, j'ai fini par craquer.


Je me suis récemment rendu au supermarché en bas de chez moi, et je me suis offert un vélo pliable.
A défaut de moto, j'aurais quand même un deux roues!

Bon, alors voyons...je suis là pour encore un peu plus de quatre mois, je ne vais quand même pas me payer le vélo de Lance Armstrong.
J'opte pour le petit rouge là, qui est jolie, et qui à l'immense avantage d'être pourvu de pneu tout terrain.Vu l'état des routes ici, ce sera pas du luxe...

Et me voila parti, tout content, sur un itinéraire pas trop encombré, repéré à l'avance.
Mais, dans mon empressement, avais-je peut être omis deux détails?

Celui d'abord, de la chaleur étouffante qui règne ici matin midi et soir et qui me fait bien vite ressembler au type qui à pris sa douche tout habillé avant de se pointer au boulot; et aussi celui de ne pas avoir, avant d'effectuer l'achat, vérifié consciencieusement la taille de l'engin, et plus particulièrement celle de la hauteur de la selle, et qui me fait ressembler à un autre type qui aurait piqué le vélo de sa petite soeur.
Dans le premier cas, c'est pas trop grave me dis-je; j'essuie pour aujourd'hui (et c'est le cas de le dire) les moqueries de ma joyeuse bande d'animateurs qui, au passage, ne manquent pas de s'en donner à coeur joie.
Dorénavant, j'apporterai des affaires de rechanges.
Pour le second, je me dis que ça va sans doute être un peu plus coton.
Faire entendre à la grande enseigne de distribution (dont je taierais le nom, y a pas de raison que je leur fasse de la pub gratos) qu'il y a eu quiproquo sur la marchandise et que oui, mais non car en fait peut être que...mais tout compte fait non.

ça coute rien de tenter le coup, j'essayerai demain.

Malheureusement (ou heureusement?) les circonstances ne m'auront même pas laissé le temps d'échafauder mon plan machiavélique; car dès le lendemain sur le chemin du retour et au beau milieu de la nationale, Craaack!La chaine casse (et non pas la roue pète!certains comprendront peut être l'allusion, pour les autres, demandez à vos voisins) ainsi que le système de roulement à bille du pédalier.
Je me retrouve donc à pied, malheureux comme un cow boy sans ses bottes, les restes de son destrier à pédales dans les mains.

L'un dans l'autre, je me dis que la mésaventure va m'être finalement plus utile que désagréable.
Je vais retourner me plaindre au magasin et crier au scandale.
Tiens, je vais peut être même les insulter un peu, ça fera plus vrai.

Mais c'était oublier l'endroit où je me trouve présentement:l'Asie.
Les réflexes du français forcé de hurler pour se faire entendre et faire valoir ses droits sont à mettre au placard.
Ici, pas de bras de fer inconsidéré ni d'argumentation sans fin quand il s'agit de satisfaire un client mécontent.
Tout est réglé à la faveur du consommateur en quelques minutes.

Tout du moins, quand on arrive à se faire comprendre car, comme souvent à Jakarta (mégalopole de 15 millions d'âmes s'il est besoin de le rappeler) les gens parlent assez peu l'anglais et, pour tout dire, généralement c'est même plutôt pas du tout...

Evidement dans mon cas précis, vous aurez vite compris que ceux à qui j'ai eu affaire pour échanger mon vélo se sont révélés être parfaitement monolinguiste.
Ca va être facile tiens...
En effet, pour me faire comprendre quand je veux un café, une bière ou du riz au poulet, c'est relativement simple (quoique...); par contre pour expliquer que j'ai pété le roulement à bille du pédalier de mon tout nouveau vélo et que j'aimerai, soit me faire rembourser, soit ajouter de l'argent pour en acquérir un autre plus solide, croyez moi, c'est une autre limonade.

Je me retrouve donc au magasin très vite entouré d'une bonne dizaine de vendeurs et vendeuses tous venus apporter leur pierre à l'édifice d'incompréhension que nous étions tous en train de construire.

C'est alors que l'un d'eux m'attrape furtivement le poignet et m'invite, très poliment, à le suivre.
On arrive, suivis bien sur de la horde de commerçants tous aussi sympathiques qu'inefficaces dans le litige qui nous unis, au rayon informatique.Alors là, c'est la cerise...
Comment a-t-on pu en arriver à un tel degré de malentendu?
Je conteste et réitère mon argumentation visiblement déjà bien mal engagée, mais le type s'entête et allume l'un des ordinateur d'exposition.
Tous s'agglutinent autour et admirent son aisance à communiquer avec la machine.
Après un moment, les convives s'écartent et m'ouvrent une voix royale vers l'écran, m'invitant par leur posture à m'y intéresser.
Je m'engouffre dans la masse, hésitant, les dévisageant presque un à un et en les interrogeant du regard; eux m'affichent un air confiant, yeux clos et sourire accroché aux lèvres, remplis d'une approbation patriarcal, qui n'a pour effet que de m'inquiéter un peu plus quant à l'issue qui m'apparait maintenant bien abstraite et très incertaine.
Je rive mes yeux déjà fatigués sur l'écran et constate avec un sentiment mêlant joie et incrédulité que le mec avait ouvert l'application "google translate" pour nous permettre de tenir une conversation plus censée!
Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit tout simplement d'un site internet qui traduit les phrases d'une langue (a peu près correctement) directement dans une autre, en l'occurrence anglais/indonésien.Pour ceux qui savaient, il était inutile de lire ces deux dernières phrases, désolé.

Alors là, je suis cloué!
On poursuit la conversation comme ça jusqu'à trouver un arrangement viable, et je me dis que, quand même, tout serait tellement plus simple ici si j'avais "google translate" a disposition aussi souvent que nécessaire.

Alors?Il est pas beau mon nouveau vélo?




vendredi 5 août 2011

Tidung, ou le premier week end en amoureux avec Odile

Déjà 2 ans que je n'avais pas mis ce blog à jour; par manque de temps, un peu, ou absence de sujet intéressant à conter, surement.
Fort heureusement l'Indonésie, où je vis actuellement, m'offre presque quotidiennement, et pour mon plus grand plaisir, ces deux conditions sinequanone.

En voici un premier aperçu.

Il y a 3 semaines de cela, nous nous rendons avec Odile sur l'une des Thousand Island prochent de Jakarta où l'on a passé le week end.

L'Ile en question réponds au doux prénom de Tidung.Je me dis que, déjà, ça sonne pas mal; c'est bien parti.

Mais ne vous méprenez pas, et surtout, ne nous enviez pas plus, car derrière la carte postale idyllique que vous vous imaginez (si si, je vois bien ce que vous pensez) bah, c etait nul a chier!

Non, cette fois-ci, foin d'antiphrases foireuses, je ne vous prendrais pas en traitre.

Au départ, on avait le choix entre une île que m avez recommandé la chargée de production du studio de Singapour, visiblement très bien:bungalow sur la plage, massage etc....
le truc, c est qu'il fallait débourser presque 200 dollars chacun, boisson non comprise!
on a trop vu l île des riches avec 5 boys qui te suivent à la trace pour balayer sur ton passage ou qui t éventent quand t es peinard sur ton transat.

du coup, on a préféré opter pour une autre île fréquentée les week end par la classe moyenne de Jakarta; sans réserver de guest house, on verra bien.
résultat:debout 4h du matin (embouteillage oblige) arrive au port, départ en bateau à 7h et demi.3h30 de voyage sur un rafiot pourris et surchargé façon boat people, assis à même le sol pour débarquer sur une Ile nommée Pramuka.






et là, pas de bol, il y avait un festival de je ne sais pas trop quoi mais dont le but etait visiblement de faire le plus de bruit possible à grands coups de mur de sons poussés au maximum.toutes les guest house complètes avec en prime les autochtones qui sortent les appareils photos pour garder un souvenir des deux phénomènes.surtout de la grande noire à côté du blanc.
C'est déjà pas tous les jours facile à Jakarta mais alors la bas, c'était carrement le pompon.

On tourne une heure sous le cagnard, et on décide de changer d Ile.
Il y en a une autre à 1h de bateau, donc rebelote, mais cette fois a côté de l'énorme moteur diesel...



On débarque la bas éreinté, mais pas plus de guest house disponible.
on est de nouveau les seuls étrangers, et on tourne 2 heures pour trouver un endroit où dormir.
Un type nous repère, et s improvise hotelier.il nous propose une chambre sordide chez lui ou un de ses ami, digne des pires bas fonds thailandais.
on se dit qu on va quand même réussir à se trouver un truc sympa, mais décidément sans succès.
Le mec lache pas l'affaire et nous retrouve.Cette fois, il nous a dégoté le plan du siècle:4 murs croulants chez ses parents avec un pucier en guise de lit.Plus le choix, on accepte.on a été obligé de retirer le drap maculé de diverses taches grasses et de dormir le plus habillé possible histoire de n en toucher que le minimum de surface.




c'est d'ailleurs en retirant le drap qu'on y a trouvé le balai bien planqué sous les oreillers.ne me demandez pas pourquoi la matrone y range son balai dégueulasse...tout cela reste bien mystérieux...
Il doit être au alentour de 15h quand on peut enfin sortir et profiter de la plage, malheureusement surpeuplée façon Cannes un mois de Juillet, avec en plus les détritus en tout genres qui flottent à la surface.
Ici, quand les gens ont un truc dans les mains dont ils ne savent pas quoi foutre, c est par dessus bord.pourquoi se faire chier?
On arrive à trouver, tant bien que mal, un coin de plage moins fréquenté et un peu moins crado.chouette!il nous reste un peu plus de 2h avant que la nuit tombe.
A mon sens, c était le moment le moins stressant du week end, mis a part les 4 filles qui s étaient posées juste a côté de nous et qui ont quand même finies par craquer en faisant péter les watts sur une de leurs chanson préférée, aussi niaise que populaire et que, dans la torpeur de ma sieste, j'avais aussi eu la mauvaise idée d'enfoncer mes pieds dans le sable blanc.Ce qui a eu pour effet immédiat de les retrouver enduits de quelques boulettes brunes et visqueuses.J'avais maintenant la preuve collée au pied que les dégazages sauvages de chalutiers sont aussi fréquents ici que sur nos côtes.quoi que je ne soit pas sûr qu'on punisse ici les coupables comme on le fait chez nous.Pourquoi se faire chier?

On retourne dans notre palace bien décidé à y prendre une bonne douche fraiche, en plus ça devrait un peu calmer mon mal de crane dû sans doute à un début d'insolation.
Mais à propos de douche fraiche, parlons plutôt de la douche froide:en pénétrant dans la salle de bain, j'ai d'abord cru que c'était les chiottes:vous savez, cette petite bassine munie d'une petite poignée que les asiatiques utilisent pour se nettoyer la raie du cul après s'être soulagés?hé bien là, c'était pareil, sauf qu'il s'agissait de la douche...
je ne m'étalerais donc pas (et n'y voyait aucun jeu de mot douteux) sur l'état des véritables toilettes.On est quand même ici sur un blog respectable.






J'ai faim.

Allons donc manger un morceaux!
Ha oui, merde.il faut se refarcir a pied toute l'Ile par les chemins escarpés, dans le noire et au milieu d'une circulation de moto presque aussi intense qu'à Jakarta.Je sais, ça parait dur à croire; c'est pourtant la stricte vérité.
Je me dis qu'on va sans doute croiser une échoppe sur le chemin où l'on pourra se régaler d'une ration de riz blanc et peut être même, si on est chanceux, d'une cuisse de poulet bouillie!3 kilomètres plus loin, on a toujours rien trouvé.
OK, on abandonne la partie, et tant pis pour la pitance du soir.
On fait demi tour et on décide de regagner nos pénates, la panse désespérément vide.
Mais, et tenez vous bien, car c'est là que survient l'un des moments les plus magiques du séjour:en empruntant un chemin détourné, on croise une échoppe qui sert des rations de riz blanc ET AUSSI des cuisses de poulet bouillie!
J'ose à peine y croire et redoute à tout moment l'entourloupe, le coup de théatre Vaudevillien qui viendrait saper notre coup de chance improbable, du genre:"sorry sir, we are closed" mais rien.Ils étaient bien ouvert et nous ont servis sans broncher.
du bonheur en barre comme on en fait plus!

Il est 21h30 quand on va se coucher, tout habillé comme je l'ai dit plus haut, éclairé comme en plein jour par les néons de la pièce voisine (toutes les pièces de la maison communiquent entre elles par le dessus des murs qui ne mesurent pas plus de 2 mètres de haut) d'où hurle le son d'une émission de télé réalité locale poussée au maximum par la matrone et son mari qui s'avèrent, par dessus le marché, être le seul couple insomniaque qui m'est été donné de rencontrer ici.
Le matin, au réveil, sur Tidung, il est également bon de savoir par avance que les grillons fonctionnent au diesel:le balai motorisé reprend dès 5h du matin.En fait, je ne suis même pas sûr qu'il se soit jamais arrêté de toute la nuit.Mon insolation a peut être eue cela de bon:m'abrutir au point de me plonger, l'espace de quelques heures, dans un états proche du coma.
Coma duquel j'ai pu finalement me sortir plus tôt que prévu, et Odile aussi quand, une fois les brumes du sommeil dissipées j'ai pu distinguer clairement un rat aussi poilu qu'énorme gambader sur la poutre qui surplombait notre couche.
La coupe était pleine.

"Bon, Odile, ça te dit qu'on fasse les sacs et qu'on se casse d'ici vite fait?"