samedi 13 août 2011

Celui qui voulait s'acheter une bicyclette

Rudy, le chauffeur chargé de m'emmener à bon port tous les matins en voiture, est très sympa; c'est pas ça le problème.
Le fait est que, tout bon élève qu'il soit (et doué de surcroît) dans l'apprentissage sur le tas de la langue anglaise (il a commencé à apprendre en nous rencontrant Cédric et moi même), les discussions restent néanmoins assez limitées.
Mis à part parler tous les matins, et ce depuis plus de 2 mois, des mêmes embouteillages ("macet lagi" en indonésien, ça je commence à connaitre), suivi d'un petit rire géné car incapaple lui comme moi de communiquer plus amplement, j'ai fini par craquer.


Je me suis récemment rendu au supermarché en bas de chez moi, et je me suis offert un vélo pliable.
A défaut de moto, j'aurais quand même un deux roues!

Bon, alors voyons...je suis là pour encore un peu plus de quatre mois, je ne vais quand même pas me payer le vélo de Lance Armstrong.
J'opte pour le petit rouge là, qui est jolie, et qui à l'immense avantage d'être pourvu de pneu tout terrain.Vu l'état des routes ici, ce sera pas du luxe...

Et me voila parti, tout content, sur un itinéraire pas trop encombré, repéré à l'avance.
Mais, dans mon empressement, avais-je peut être omis deux détails?

Celui d'abord, de la chaleur étouffante qui règne ici matin midi et soir et qui me fait bien vite ressembler au type qui à pris sa douche tout habillé avant de se pointer au boulot; et aussi celui de ne pas avoir, avant d'effectuer l'achat, vérifié consciencieusement la taille de l'engin, et plus particulièrement celle de la hauteur de la selle, et qui me fait ressembler à un autre type qui aurait piqué le vélo de sa petite soeur.
Dans le premier cas, c'est pas trop grave me dis-je; j'essuie pour aujourd'hui (et c'est le cas de le dire) les moqueries de ma joyeuse bande d'animateurs qui, au passage, ne manquent pas de s'en donner à coeur joie.
Dorénavant, j'apporterai des affaires de rechanges.
Pour le second, je me dis que ça va sans doute être un peu plus coton.
Faire entendre à la grande enseigne de distribution (dont je taierais le nom, y a pas de raison que je leur fasse de la pub gratos) qu'il y a eu quiproquo sur la marchandise et que oui, mais non car en fait peut être que...mais tout compte fait non.

ça coute rien de tenter le coup, j'essayerai demain.

Malheureusement (ou heureusement?) les circonstances ne m'auront même pas laissé le temps d'échafauder mon plan machiavélique; car dès le lendemain sur le chemin du retour et au beau milieu de la nationale, Craaack!La chaine casse (et non pas la roue pète!certains comprendront peut être l'allusion, pour les autres, demandez à vos voisins) ainsi que le système de roulement à bille du pédalier.
Je me retrouve donc à pied, malheureux comme un cow boy sans ses bottes, les restes de son destrier à pédales dans les mains.

L'un dans l'autre, je me dis que la mésaventure va m'être finalement plus utile que désagréable.
Je vais retourner me plaindre au magasin et crier au scandale.
Tiens, je vais peut être même les insulter un peu, ça fera plus vrai.

Mais c'était oublier l'endroit où je me trouve présentement:l'Asie.
Les réflexes du français forcé de hurler pour se faire entendre et faire valoir ses droits sont à mettre au placard.
Ici, pas de bras de fer inconsidéré ni d'argumentation sans fin quand il s'agit de satisfaire un client mécontent.
Tout est réglé à la faveur du consommateur en quelques minutes.

Tout du moins, quand on arrive à se faire comprendre car, comme souvent à Jakarta (mégalopole de 15 millions d'âmes s'il est besoin de le rappeler) les gens parlent assez peu l'anglais et, pour tout dire, généralement c'est même plutôt pas du tout...

Evidement dans mon cas précis, vous aurez vite compris que ceux à qui j'ai eu affaire pour échanger mon vélo se sont révélés être parfaitement monolinguiste.
Ca va être facile tiens...
En effet, pour me faire comprendre quand je veux un café, une bière ou du riz au poulet, c'est relativement simple (quoique...); par contre pour expliquer que j'ai pété le roulement à bille du pédalier de mon tout nouveau vélo et que j'aimerai, soit me faire rembourser, soit ajouter de l'argent pour en acquérir un autre plus solide, croyez moi, c'est une autre limonade.

Je me retrouve donc au magasin très vite entouré d'une bonne dizaine de vendeurs et vendeuses tous venus apporter leur pierre à l'édifice d'incompréhension que nous étions tous en train de construire.

C'est alors que l'un d'eux m'attrape furtivement le poignet et m'invite, très poliment, à le suivre.
On arrive, suivis bien sur de la horde de commerçants tous aussi sympathiques qu'inefficaces dans le litige qui nous unis, au rayon informatique.Alors là, c'est la cerise...
Comment a-t-on pu en arriver à un tel degré de malentendu?
Je conteste et réitère mon argumentation visiblement déjà bien mal engagée, mais le type s'entête et allume l'un des ordinateur d'exposition.
Tous s'agglutinent autour et admirent son aisance à communiquer avec la machine.
Après un moment, les convives s'écartent et m'ouvrent une voix royale vers l'écran, m'invitant par leur posture à m'y intéresser.
Je m'engouffre dans la masse, hésitant, les dévisageant presque un à un et en les interrogeant du regard; eux m'affichent un air confiant, yeux clos et sourire accroché aux lèvres, remplis d'une approbation patriarcal, qui n'a pour effet que de m'inquiéter un peu plus quant à l'issue qui m'apparait maintenant bien abstraite et très incertaine.
Je rive mes yeux déjà fatigués sur l'écran et constate avec un sentiment mêlant joie et incrédulité que le mec avait ouvert l'application "google translate" pour nous permettre de tenir une conversation plus censée!
Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit tout simplement d'un site internet qui traduit les phrases d'une langue (a peu près correctement) directement dans une autre, en l'occurrence anglais/indonésien.Pour ceux qui savaient, il était inutile de lire ces deux dernières phrases, désolé.

Alors là, je suis cloué!
On poursuit la conversation comme ça jusqu'à trouver un arrangement viable, et je me dis que, quand même, tout serait tellement plus simple ici si j'avais "google translate" a disposition aussi souvent que nécessaire.

Alors?Il est pas beau mon nouveau vélo?




2 commentaires:

jm a dit…

coucou , sportif en plus que dit Odile @+

Cédric a dit…

Il l'a fait!
Michmi café? Michmi Vélo?

Et la bise a Rudi de ma part...

Cedro